La crise et le nombre important de chômeurs ont participé au développement de la mobilité professionnelle. Qu’elle soit interne, externe ou géographique, celle-ci est considérée comme un moyen d’adapter la main-d’œuvre aux nouveaux besoins économiques et de maintenir la compétitivité du pays.
Une croissance qui n’est pas prête de s’arrêterSi la mobilité professionnelle a connu un boom ces dernières années, celle-ci devrait encore s’intensifier d’ici à 2020. Ceci pour deux raisons :
- Premièrement, l’économie toujours plus globalisée favorise les échanges internationaux.
- Deuxièmement, les nouvelles attentes de la génération Y, pour qui la mobilité est synonyme de promesse de carrière et de cheminement professionnel, redessinent les contours du marché du travail.
Alors, mobilité professionnelle : pour qui ? Pourquoi ? Quels sont les avantages ? Les inconvénients ?
Qu’entend-on par « mobilité professionnelle » ?
Mobilité professionnelle : définition
La mobilité professionnelle peut être définie comme un changement dans les modalités d’exercice d’une profession (changement de poste, de grade, de branche professionnelle).
Celle-ci s’opère généralement dans l’objectif d’une évolution de carrière (notamment en matière de salaire et de compétences) et d’une amélioration du cadre de vie. Cependant, la mobilité professionnelle peut être subie. Elle constitue alors, pour le salarié, un moyen de se prémunir contre la perte de son emploi.
Le baromètre annuel Ifop dédié à la mobilité professionnelle (2017) estime que 38 % des salariés français ont fait l’expérience d’une mobilité professionnelle au cours des cinq dernières années, qu’elle soit interne, externe ou géographique.
Quels types de mobilité professionnelle ?
L’expression « mobilité professionnelle » peut recouvrir différentes réalités :
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La mobilité professionnelle interne :
Elle concerne un changement de poste au sein d’une même structure ou organisation, souvent pour obtenir de nouvelles responsabilités.
-
La mobilité professionnelle externe :
Cela concerne un changement d’entreprise ou d’établissement, un changement de branche professionnelle, de métier ou de statut (fonctionnaire, ouvrier, employé non qualifié, professions intermédiaires).
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La mobilité professionnelle géographique :
Il s’agit d’un changement de lieu de travail (dans une autre ville, une autre région, un autre pays). Elle n’est pas forcément synonyme d’expatriation.
L’importance des migrations domicile-travail illustre bien le développement de ce type de mobilité professionnelle, les flux de migrations étant croissants depuis le début des années 2000.
Comme le rappelle une étude Insee sur la mobilité professionnelle : « Ces mobilités sont dépendantes de la situation professionnelle initiale (niveau de qualification, spécialité professionnelle, taille d’entreprise…) et des critères socio-démographiques des individus (genre, âge, niveau de diplôme, situation familiale…) ».
Quels pays choisir pour sa mobilité géographique professionnelle ?
Selon l’Insee et le ministère des Affaires étrangères, environ 1,7 million de Français étaient expatriés en 2015, soit une augmentation de 5,2 % par an depuis 2006.
Dans quels pays vont s’installer ces Français ?
Toujours selon le Ministère des Affaires étrangères, principalement en :
- Suisse (176 000),
- Allemagne (114 000),
- au Royaume-Uni (128 000),
- au Canada (92 000),
- aux États-Unis (142 000)
- et dans quelques pays d’Afrique (Maroc : 51 000, Algérie : 38 000, et Tunisie : 22 000).
Le nombre d’expatriés a augmenté de 5 à 11 % dans ces pays, alors qu’il a fortement diminué en Espagne et en Italie.
Sans surprise au regard de leur dynamisme économique, et leurs sociétés considérées comme tolérantes et accueillantes, les pays anglo-saxons ont la faveur des expatriés français.
Mais la Suisse reste la destination phare : 87 % des expatriés sont confiants dans la stabilité économique et politique du pays et 75 % affirment y percevoir une meilleure rémunération (7e édition de l’étude HSBC Expat Explorer).
Profils des expatriés : qui sont ces talents mobiles ?
Si la mobilité professionnelle a connu un boom ces dernières années, celle-c devrait encore s’intensifier d’ici à 2020, selon le cabinet d’audit et de conseil PwC.
Tous les secteurs d’activités et tous les profils professionnels (cadres, employés, ouvriers, etc.) sont concernés par la mobilité, avec, néanmoins, une proportion de femmes qui ne cesse d’augmenter, pour atteindre 27 % des talents mobiles en 2020.
Typologie des salariés expatriés
Les statistiques sur la mobilité professionnelle en France sont éloquentes :
83 % des salariés déclarent avoir changé au moins une fois d’entreprise au cours de leur carrière professionnelle. Concernant le changement de voie professionnelle, il concerne 69 % des salariés.
Une expérience jugée positive par les salariés dans 91, 5 % des cas, mais qui ne s’est pas faite sans difficulté (24e Observatoire du travail BPI Groupe).
Il semblerait donc que la mobilité professionnelle soit entrée dans les mœurs. Pour preuve, selon le baromètre annuel sur la mobilité professionnelle en France réalisé par Ifop/Monster en 2017, 1 salarié français sur 2 se voit dans les cinq années à venir, ailleurs que là où il est actuellement en poste.
La mobilité professionnelle concerne souvent les mêmes profils de salariés :
- Jeunes : les jeunes salariés de moins de 35 ans sont les plus touchés par la mobilité, les salariés plus anciens étant moins enclins à changer d’entreprise (précarité de l’emploi moins importante, réticence des entreprises à recruter des seniors, capital sympathie au sein de l’entreprise, etc.) ;
- Cadres ou ouvriers non qualifiés : une mobilité choisie pour les cadres, le plus souvent subie pour les ouvriers en raison de la précarité de leur emploi ;
- Salariés de TPE ou PME ;
- Salariés de l’hôtellerie-restauration, des services, de la communication et des arts.
Concernant la mobilité géographique internationale, 5 secteurs d’activité concentrent la majorité des Français expatriés :
- Les services (commerce, tourisme, restauration, etc.) : 27 % des expatriés ;
- L’éducation : 14 % ;
- L’industrie (agroalimentaire, biens d’équipement, biens de consommation, automobile) : 13 % ;
- L’administration : 9 % ;
- Les organisations internationales : 8 %.
La génération Y, une génération mobile et internationale
Curieux et ouverts sur le monde, les « millennials » sont à l’image de nos nouveaux modes de consommation : mondialisés et flexibles.
Poussés par une conjoncture économique française peu favorable aux jeunes actifs, les 18-34 ans sont de plus en plus candidats à la mobilité géographique professionnelle, qu’ils considèrent comme un vecteur d’ascension sociale.
En effet, selon une étude d’Opinionway réalisée en 2013 sur les jeunes et la société de demain, 34 % des jeunes âgés de 18 et 34 ans envisagent leur avenir professionnel à l’étranger.
Une mobilité des jeunes nourrie par des dispositifs nationaux ou européens comme :
- Erasmus (European Action Scheme for the Mobility of University Students) ;
- Le Volontariat International en Entreprises (V.I.E.), mis en place par la loi du 14 mars 2000 et permettant aux jeunes de moins de 28 ans de se voir confier une mission professionnelle à l’étranger par son entreprise durant une période de 6 à 24 mois.
Les exigences de plus en plus poussées des chefs d’entreprise, notamment en matière de plurilinguisme et d’expérience internationale, peuvent également expliquer pourquoi les Y ne sont pas réticents à l’expatriation : la mobilité géographique est un atout qui fait mouche sur un C.V.
Et ça, les millennials l’ont bien compris.
Alors, pour donner un coup de fouet à leur carrière, où vont-ils ?
Sans surprise :
- Aux États-Unis ;
- En Grande-Bretagne ;
- Et en Australie.
Les femmes et la mobilité professionnelle
Même si la proportion des femmes ayant fait l’expérience de la mobilité professionnelle a doublé ces 10 dernières années, passant de 10 à 20 %, celle-ci reste moindre comparée à la part des hommes (2/3 des mobiles salariés).
En effet, les femmes semblent moins sollicitées par les chefs d’entreprise :
Ceci pour plusieurs raisons :
- Les femmes occupent principalement des postes à temps partiel et des emplois qui sont peu concernés par la mobilité professionnelle;
- Elles exercent notamment dans le secteur des services, secteur moins enclin à la mobilité professionnelle ;
- Les femmes privilégient l’équilibre professionnel et personnel
Nous sommes ainsi face à un paradoxe flagrant :
Moins sollicitées à la mobilité professionnelle que les hommes, les femmes actives n’en sont pas moins mobiles pour autant.
En outre, selon l’APEC (2010), il semblerait que les femmes cadres ne tirent pas autant d’avantages que leurs pairs masculins à accepter une mobilité :
- Seulement 54 % d’entre elles voient leur salaire augmenter contre 62 % pour les hommes ;
- 72 % obtiennent un CDI (84 % pour les hommes) ;
- 91 % d’entre elles travaillent à temps plein (97 % pour leurs pairs masculins) ;
- 57 % conservent des postes à responsabilités (67 % des hommes) ;
- 65 % des femmes ayant vécu une mobilité professionnelle se disent confiantes en l’avenir, contre 73 % pour les cadres masculins.
Les avantages et inconvénients de la mobilité professionnelle
Autrefois mal perçue, la mobilité professionnelle est aujourd’hui inscrite dans les mœurs et bon nombre d’actifs français y voient des avantages certains, notamment les jeunes, qui la considèrent comme un levier d’ascension sociale sans pareil.
D’une part, l’offre étant plus vaste, être mobile permet de trouver plus facilement un travail, un atout non négligeable dans un contexte de chômage important.
D’autre part, changer de métier ou d’entreprise donne la possibilité à l’actif d’élargir son champ de compétences, de diversifier ses connaissances et d’évoluer dans un nouvel environnement professionnel. La formation dédiée au futur métier du collaborateur mobile est un plus sur son C.V.
Et ce n’est pas fini.
La mobilité professionnelle bénéficie également aux entreprises : elles profitent d’un regard neuf sur leur activité, leur business model, leurs stratégies, etc. Le transfert de connaissances est bénéfique pour chaque partie.
Enfin, outre l’enrichissement personnel que permet une ouverture sur le monde, avoir fait l’expérience d’une mobilité internationale est un véritable atout à valoriser sur son C.V. En effet, les Français expatriés sont généralement considérés par les recruteurs comme une réserve de recrues hautement qualifiées.
Néanmoins, la mobilité professionnelle présente également des inconvénients qu’il convient d’énumérer.
Quels sont-ils ?
C’est bien connu, nous apprécions tous le confort et la sécurité qu’offre un emploi stable. Sortir de sa zone de confort peut dès lors apparaître comme une difficulté pour la majorité des actifs.
C’est ce qui ressort du 24e Observatoire du travail (BPI Groupe) : alors que 58 % des salariés interrogés pensent que la mobilité professionnelle est une véritable opportunité, 41 % déclarent ne pas oser le faire, car considèrent cela trop risqué (le facteur financier est le premier invoqué).
Le fait de devoir réapprendre un nouveau métier est également perçu comme un inconvénient majeur de la mobilité professionnelle. 63 % trouvent que changer de métier ou de voie professionnelle est difficile. Ce sentiment s’amplifie avec l’âge.
Par ailleurs, les embouteillages générés par les flux de déplacements (migrations domicile-travail), notamment pour les actifs pendulaires, sont considérés comme un frein à l’épanouissement professionnel.
Enfin, les délais entre chaque changement de poste ou d’entreprise sont parfois trop courts. Le salarié dispose de trop peu de temps pour s’accommoder et tirer profit des avantages de la mobilité professionnelle.
La mondialisation de l’économie a redistribué les cartes du marché du travail. Désormais, la mobilité professionnelle apparaît comme inéluctable et indispensable pour assurer la pérennité de sa carrière professionnelle.
Toutefois, faire l’expérience de la mobilité ne profite pas à tout le monde, les femmes et les salariés moins qualifiés étant ceux qui en tirent le moins de profit.
Avec un monde de plus en plus globalisé, il est certain que la mobilité professionnelle sera amenée à évoluer, tant quantitativement que qualitativement. Aux fonctions RH de mettre en œuvre des politiques de mobilité proactives pour attirer toujours plus de talents et assurer la pérennité des entreprises.
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